L'apparition (Stéphane Mallarmé)

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Version originale 

La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs 
Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs 
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes 
De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles. 

C'était le jour béni de ton premier baiser. 
Ma songerie aimant à me martyriser 
S'enivrait savamment du parfum de tristesse 
Que même sans regret et sans déboire laisse 
La cueillaison d'un Rêve au coeur qui l'a cueilli. 

J'errais donc, l'oeil rivé sur le pavé vieilli 
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue 
Et dans le soir, tu m'es en riant apparue 
Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté 
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté 
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées 
Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées. 

Version anglaise 

And the moon was overcome with sorrow
Weeping cherubs were dreaming, bow in hand
They played their dying viols, quiet vaporous flowers around them
Their music shed white tears on the sky-blue petals

That was the sacred day of our first kiss
And I became martyr to my own dreams
The dreams which fed on that twinge of sadness
Which, even without regrets or mishaps, drives
a dream back home to the heart from where it once sprang

Here I was, wandering, with my eyes riveted on the ancient cobbles 
When with sunshine in your hair, in the street, you appeared 
And I thought I could see the fairy with a hat of light 
That once visited my beautiful spoiled childhood's slumbers 
And from whose ever opened hands 
White bunches of scented stars kept snowing in.

 

Yann Gourvennec  ©  1998-2003, tous droits réservés pour le texte